A partir du 1er janvier 2025, la collecte des PMC et Papiers-Cartons sera effectuée le vendredi des semaines PAIRES.

Histoire de la commune

HISTOIRE DE CRISNÉE

HISTOIRE LÉGENDAIRE

hist1.pngDe la préhistoire locale, on ne sait rien. Des traces d’habitants néandertaliens trouvées ici et là assurent qu'il en résidait dans notre région il y a déjà 100.000 ans.  Bien plus tard, vers 1200 av JC, venant de Germanie, arrivent chez nous les Celtes et leurs druides. Leur civilisation est à la base de la nôtre et nous, les Wallons, leur devrions, paraît-il, davantage qu’aux Latins : amour des sociétés, promptitude des réparties, débrouillardise…

Vers le VIIe siècle av JC, c’est la vague des Belges, également originaires de Germanie, agriculteurs et éleveurs qui, peu à peu, refoulent «nos ancêtres les Gaulois» en direction du sud (France) et vers les îles à l’ouest (Royaume-Uni).

D’après Jean d’Outremeuse, Thys et Odeur, comme Kemexhe, auraient été fondés en l’an 77 par Cornulo, roi de Tongres ; sinon en l’an 581, par LOTRINGE, autre roi de Tongres.

 

 

 

LES ROMAINS

L'Histoire de Crisnée commence en 57 avant JC avec l'arrivée du général romain Jules César qui se heurte aux tribus belges, surtout aux Eburons commandés par Ambiorix et Catuvolcus. Les gens de chez nous, paisibles agriculteurs, voient avec curiosité et admiration défiler chez eux - par leurs étroits chemins de terre - les cohortes romaines en direction de Tongres. Trois ou quatre ans plus tard, ils seront aux premières loges pour assister à la révolte contre Rome et l'année suivante à subir la vengeance de Jules César.

 

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Le 5 septembre 1868, la statue d’Ambiorix fut inaugurée solennellement à Tongres en présence du Roi Léopold II et de la Reine.

Débute l’occupation romaine : construction des fortifications de Tongres ; l'installation du camp d'ATUATUCA, ni oppidum, ni camp retranché, mais un castellum ou simple position fortifiée mais stratégiquement située au centre du quadrilatère formé par les tumulus de Lamine, Fize, Oreye (Otrange) et Herstappe (ajouter une photo du tumuls), peut-être aussi celui d'Othée, cela en pleine campagne, sur l'actuel lieu-dit "l' gronde Pièce" à Crisnée, à l'endroit approximatif où en 1935 le Doyen Fréson de Villers-l'Evêque découvrira les vestiges d'une villa gallo-romaine. Autres vestiges de la même époque, à Kemexhe, près du Bouhet, et à Thys non loin de Nomerange.

Ainsi, pendant quatre siècles d'occupation, tous les Crisnéens d’alors, inévitablement mais surtout les plus délurés, en contact avec les soldats romains vont profiter de cette proximité et de leur fréquentation pour apprendre une autre civilisation et bénéficier de ses bienfaits, prendre d'autres habitudes et apprendre un peu le latin, base de notre futur wallon, puis du français... 

 

 

 

À propos des chaussées romaines

carte.jpgNos villages sont intéressés au premier chef par ces travaux d’infrastructure entrepris par les Romains, non pas au bénéfice des populations mais essentiellement pour faciliter les déplacements des légions romaines et assurer leur sécurité ; indirectement, ces mêmes régions furent mises en valeur par le commerce.

La « grande chaussée romaine » partant de Cologne traversait Tongres, côtoyait Otrange, Oreye puis Waremme, poursuivait vers Gembloux, Bavai et Arras jusqu’à la mer à Boulogne.

L’autre, notre « chaussée verte », qui passait venant aussi de Tongres et allant vers Amay, Nassogne et Mande St-Étienne, n’était qu’un diverticulum aboutissant via Amay à Arlon à l’ autre grande chaussée qui, partant de Mayence via Trèves et Arlon, allait vers Reims et Paris.

 

LES INVASIONS

Cette période n’est au fond que « Ôte-toi de là que je m’y mette » ! Comme l’avaient fait nos ancêtres se sédentarisant chez nous après avoir repoussé leurs cousins, Celtes, vers le sud, d’autres peuples, également pourchassés et tous venant de l’Est, des « Barbares » s’infiltrent dans nos régions climatiquement plus tempérées et, au passage, se frottent aux fondements de la future civilisation occidentale : culture et institutions romaines et christianisme naissant.

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Les Vandales

Conséquence de la puissance déclinante des occupants romains, les Vandales - mot devenu synonyme de destructeur par plaisir - débordent en 406 les défenses romaines du Nord (affaiblies puisque plusieurs légions ont été rappelées à Rome menacée par les Wisigoths), déferlent sur nos campagnes et saccagent tout sur leur passage. Ils ne s’attardent pas, en route vers leur future (V)-Andalousie…

Les Huns

D'après Jean d'Outremeuse (tome II), Thys, comme les villages voisins, aurait été détruit par les Huns d'Attila - celui dit le Fléau de Dieu - vers les années 450 ; ces bandes sauvages qui incendient, violent, massacrent et pillent. C’est dire, si l'on parle de pillage, que nos agglomérations, même modestes, en valent alors déjà la peine ! Ils passeront...

Les Francs

Parallèlement aux Huns, les Francs vont conquérir le pays plus pacifiquement et pendant plus longtemps. Au sud de la ligne Tournai-Tongres, ils adoptent la langue et les usages des Gallo-Romains : c'est de cette époque que daterait l'actuelle frontière linguistique...

Des contacts fréquents et amicaux avec eux, notre wallon s'enrichit de nombreux mots et expressions que nous utilisons encore : hiner, hèrer, stitchî, spritchî, al copète, piète sès hozètes, plat'kézak,... Nous leur devons aussi notre nom de "Wallons", mot dérivé de "Walen" par lequel ils désignaient les Gaulois. Des mariages ont dû sceller cette cohabitation après que l'union se fit contre le péril commun qui les menaçait...

Plus tard, sous le règne de Clovis (pensez au Vase de Soissons, en 486) le pouvoir est dans notre région aux mains de Boident (Baudouin?), neveu de Clovis, premier comte de Tongres et marquis de Hesbaye, qui décide de rebâtir nos localités détruites par les Huns.

APRÈS CHARLEMAGNE

hist4.jpgConséquence du partage de l’empire carolingien, au Traité de Verdun (843), la Flandre dépend de la France. Ici, nous appartenons – provisoirement – à la Basse Lotharingie (en jaune sur la carte)...

Les Normands ou Vikings

Nomades venus d’Asie, ils habitaient le nord de l’Europe : Norvège, Suède, Danemark.

À partir de 881, ils s'attaquent aux contrées hesbignonnes et à leurs riches campagnes. Ils remontent la Meuse en été dans leurs drakkars et, surtout à partir de 884, sévissent dans les villes et nos villages. Ils ravagent et pillent Maestricht, Tongres, Visé, Herstal et environs. Un chroniqueur rapporte « après leur passage, il ne reste même plus un chien pour aboyer après eux » ! Dans les églises, on prie « De la fureur des Normands, délivrez-nous Seigneur ! ».

Le Prince-Évêque Francon, allié à Arnould de Carinthie, battit les Vikings à Louvain en 891. Et une fois de plus nos villages durent être reconstruits.

 

LA FEODALITE

hist5.pngAprès moults péripéties, guerres, traités, alliances et héritages, nos villages se retrouvent aux environs de l'an 1000 faisant partie de la Principauté de Liège, comté de Looz, administrée par un Prince-Evêque (à l'époque, NOTGER), lui-même vassal de l'empereur d'Allemagne.

Une époque difficile, arriérée même (à tort !) selon certains. Le fer est devenu un métal très rare, et les outils sont faits de bois et d'os d'animaux...

Sous Notger, les calèches et carrosses vont de Liège à Looz par la « voie royale » qui, une fois sortie de la vallée mosane, passe derrière Othée, Villers, Odeur, Crisnée, traverse Thys, Otrange, Vechmaal… C’était (faute de grand- route) la voie la plus importante d’alors.

À cette époque, Kemexhe était l'église-mère de Thys ; de Fize dépendaient les curés de Crisnée et d'Otrange, Odeur relevait d'Othée.

Tous devaient chaque année, le mardi de la Pentecôte en procession et solennité porter la redevance au chanoine-costre de Tongres.

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La Belgique à l’époque de la féodalité :

des comtés, des duchés et la Principauté de Liège.

 

 

 

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Vers 1300, c’est le temps des seigneurs. À Kemexhe, régnaient les nobles Beaurieu

(burelé d'argent et d'azur de dix pièces au lion de gueules sur tout) et les Pénilh (de gueules au lion d'or), le "singneur d'Odoir" résidait à Villers, le blason de Renier de Thys portait « d’hermines à une fasce d’azur », Fize avait ses échevins et, à Crisnée, l’écu du seigneur se réclamait "d'argent à cinq fusées de gueules, accolées en fasce, au franc-quartier d'or au sautoir de gueules", lequel écu fut promu, il y a vingt ans, au rang d'armoiries de la nouvelle commune de Crisnée.

 

 

 LA "PAIX DE FEXHE"

 La "Paix de Fexe", en 1316, oblige l’évêque au respect de la coutume. Les Métiers sont arrivés à partager le pouvoir avec le Clergé et la Noblesse. Officiellement, le châtelain devrait aider les plus déshérités par une sorte de Bureau des Pauvres...mais combien y pensent ? Dorénavant, les villages ont pu nommer un maïeur. Nombreux sont nos bourgmestres dès la fin de ce XIVe siècle dont les archives ont mentionné le nom.

Les gens de nos villages vivent dans les maisons en torchis de deux pièces avec toit de chaume, les vitres n'existent pas. On s'éclaire, le moins souvent possible, à la chandelle, un coffre en guise d'armoire, un tréteau comme table, des escabeaux comme sièges, une botte de paille comme matelas. Pas de poêle, parfois une cheminée à feu ouvert On s'habille de bure, on se chausse de sandales en écorce et les mieux lotis de sabots. Médecine et pharmacie n'existant pas, on se soigne de tisanes et remèdes improvisés ! Le salaire des serfs, travailleurs de la terre, est maigre. Le dimanche est le seul jour de repos et la pratique religieuse obligatoire.

L'instruction n'existe pas ; à part les gens d'Église, les villageois sont illettrés pour la plupart.

Le seigneur a sa brasserie banale... et des clients sans doute qui, lorsqu'ils ont abusé de la cervoise, en viennent aux mains, ou plutôt à coups de "warko" ou "mèsplî", rixes qui entraînent quelquefois mort d'homme...! Après la Paix de Fexhe, c'en est terminé de la Justice expéditive et des jugements de Dieu chez le seigneur.

D’alors date le dicton : « À Liège, charbonnier en sa maison est roi »…mais nos braves villageois sont bien plus concernés par les évènements de la petite Histoire locale !

AWANS et WAROUX

On sait le prétexte de cette guerre atroce qui dura quarante ans et causa 30.000 victimes : la jeune et sans doute jolie Adèle, riche orpheline d'Awans promise à un ami du seigneur de ce lieu, est enlevée (on ignore si ce fut de force ou si la jouvencelle se prêta aimablement à l'aventure) par Hanechon, cousin du seigneur de Waroux...

Bien que l'avoué d'Awans s'oppose au mariage en prétendant que la jeune fille est sa serve (ce qui est inexact!), le sire de Waroux fait célébrer les noces. Dès le lendemain, le seigneur d'Awans, offensé, envoie Jean Brons de Fooz pour demander réparation de cette injure. Refus de Waroux. C'en est assez pour mettre le feu aux poudres : les Awans se mettent aussitôt à ravager les terres de Waroux, à brûler ses moulins et ses brasseries.

Dès lors, chaque parti recrute des alliés, les seigneurs voisins prenant fait et cause pour l'un ou l'autre parti selon leurs sympathies... ou leurs intérêts ; les escarmouches dégénèrent en vraies batailles. Crisnée prend les armes pour les Awans. À Kemexhe, les Beaurieu aussi tandis que les Pénilh sont du côté des Waroux. Et on s’entretue jusqu'en 1335. Comme les autres villages des environs, Thys, Fize et Odeur subiront des « dégâts collatéraux » !

Comme si ces malheurs ne suffisaient pas, la peste noire sévit chez nous vers 1350…

 

PÉRIODE BOURGUIGNONNE (1384-1482)

En 1409, Jean-sans-Peur, duc de Bourgogne, appelé au secours du Prince-Evêque chassé par les Métiers de Liège, écrase ces derniers à Othée, qui doivent payer une lourde contribution et la Principauté devient une sorte de Protectorat bourguignon.

Les Liégeois remettent ça en 1467 contre le duc Charles-le-Téméraire (ci dessous) et sont encore battus, cette fois à Brusthem.

  

hist8.pngLe Duc revient à Liège l'année suivante avec son prisonnier le roi de France qui avait comploté en secret avec les Liégeois. S’ensuit l'épisode dit des "600 Franchimontois" (qui étaient moins de 600 et plutôt Hesbignons!) avec l'issue malheureuse qu'on connaît. Louis XI dut assister au sac de la ville.

Après ces jours d’horreur, c'est la Hesbaye et les Hesbignons qui pâtirent, qui furent pillés et ravagés sans pitié. Le Duc qui campait à Lowaige alla ensuite camper à Momalle dans le but de protéger le Prince-Evêque qui s'était réfugié au château de Fooz.

Au passage, les troupes du Téméraire rasèrent le château de Crisnée et quelques autres…

PREMIÈRE PÉRIODE AUTRICHIENNE (1482-1555)

Après sa tante Marguerite , Charles-Quint pourra dire que « Le soleil ne se couche jamais sur mes États » et qui disait aussi « Plus de langues on connaît, plus de fois on est homme », nous vivons ici, dans la Principauté de Liège, sous le régime des 17 Provinces des Pays-Bas.

 

 

 PÉRIODE ESPAGNOLE (1555-1713)

Philippe II n’aime pas les Belges à cause de leur attachement aux libertés et coutumes… C’est lui qui nous enverra le duc d’Albe et Requesens de sinistre mémoire.

carte2.jpgMais notre région se trouve heureusement dans la Principauté. Le Prince-Évêque Erard de la Marck s’allie avec Charles-Quint assurant ainsi la paix extérieure, il rétablit l’ordre si bien que notre région vit paisible et tranquille. Puis Ernest de Bavière introduit le suffrage universel, mais oui ; il fait construire l’hôpital de Bavière en 1602.

Mais, pour les Crisnéens, qui et comment soigne- t-on les malades ? Qui extrait les dents, réduit les fractures, compose des onguents et potions ?… Peut-être le « chirurgien » Tombeur natif de Kemexhe ?

 

 

 Les Pays-Bas sous la domination des Espagnols.

LA COUR DE JUSTICE

Le seigneur nommait les membres de la haute Cour de Justice locale composée de sept échevins. Habituellement, les plaids généraux se tiennent à la Saint-Remy, aux Rois et le lundi de Pâques closes. Cette Cour avait pour tâches de veiller à l'application des édits du seigneur, ainsi que de l'administration de la justice, la réalisation et l'enregistrement des actes notariés. En outre, elle vérifiait les poids et mesures et prescrivait les travaux à effectuer.

La règle est que « tous masuiers et surseans (habitants) sont tenus de y comparoir à son de la cloche sonnant »; les plaids ordinaires sont annoncés sur l'église (en chaire). Les échevins siègent en plein air, sur des bancs, des xhammes. Les assemblées se font sous l'arbre de justice, un tilleul, cet endroit est ombragé. La sentence une fois proclamée, on allait en rencharge aux Echevins de Liège pour confirmation des peines infligées par la Cour locale.

Si on n'applique plus couramment la loi du Talion (œil pour œil, dent pour dent), et faute de prison, les pénalités sont lourdes, consistant en amendes et en pèlerinages à des sanctuaires renommés. Ainsi, au XVIe siècle : Walcourt, Aix, Vendôme, Rocamadour, Saint-Jacques de Compostelle, Rome... Celui qui ne se soumettait pas était banni ou aubain.

Les surcéants crisnéens d’alors ne semblent pas avoir été moins procéduriers.. que leurs voisins. Malgré les amendes, les plaintes pour rixes et meurtres sont fréquentes "pour soy avoir combattu à sang courant", plaintes contre des notables, même s’ils sont échevins abusant de leur autorité. Les exemples d’affaires rudes ne manquent pas en un temps où aucun Crisnéen d’alors ne se mettait en route - même de jour et dans son propre village - qu'armé d'un gourdin lequel, tempérament ou cervoise aidant, se mettait facilement en action.

 

Comment vit-on après vers 1500-1600

La promiscuité est rude car on ignore les règles de l'hygiène, à preuve ces recommandations extraites d'un manuel de savoir-vivre des seigneurs au XVe siècle :

"Si tu veux saler ta viande, abstiens-toi de la tremper entière dans la salière! Si tu as porté un morceau à la bouche, ne le remets pas dans le plat ! Garde-toi de mâcher trop de pain ou de viande et ensuite de recracher sur la table ! Si tu as la bouche malpropre ou baveuse, essuie-toi les lèvres avec la nappe ! Si ton nez est morveux, ne le torche pas de la main nue avec laquelle la viande est tenue, ce fait est vilain et honteux !" Et dans le petit peuple alors !

En 1548, un édit local proclame que : « Commande fait en justice et ossy enbannement de connyns (lapins). Deffense de bracqueneir ne de traire (tuer) aux connyns… et fut ossu guardeit que touts les chiens dedit village ayant en leur coulx des lammeaulx (billot ou tribart) affin qu’ils ne peultent entrer dedans les terrés desdits connyns. »

 

On introduit les engrais verts en remplacement des jachères et la charrue est dotée d'un train-avant sur roues. Charles-le-Téméraire a instauré le système du bail à ferme. On se met à construire en dur (silex). Le drap remplace la bure et la lessive se fait par bouillissage du linge couvert d'une couche de charbon de bois qui fournit la potasse.

On mange du pain noir cuit au four banal, de la "potkéze", de la soupe à base de légumes et de lard à l'occasion car la pomme de terre est encore inconnue. On fait des bouillies de seigle ou d'orge, un brouet agrémenté de quelques légumes du potager, rave, navet, poireau, chou, pois... On boit surtout de l'eau, parfois du petit-lait. Une scène de repas : il n'y a pas de couverts, on mange avec les doigts; on saisit la viande (quand il y en a) prédécoupée dans des plats, on la dépose sur un tranchoir de gros pain (les assiettes n'existent pas) et on la trempe dans une écuelle de sauce disposée pour plusieurs personnes.

 SIÈCLES DE MALHEUR

 Les documents ne remontent pas au-delà de 1579, année où "ilh n’y a point de brysse (évaluation des rentes) faiet à cause des calamitez et trubles de guerres et assiegement de Maestricht". En 1580, réclamation " pour cause des gens d’armeries sustenus"…

Depuis la Saint-André 1586, et pendant sept mois, Odeur dut héberger des troupes de Sa Majesté Catholique : appauvrissement général en raison "du traictement et victualles faictes à soldatz espangnoul". Le 7 mai 1593, une bande de Vributers (du fl. Vrijbuiters = francs pillards), "volleurs et brigans, à chevaulx", traverse le village, poursuivie par les troupes régulières. Les autorités, trop préoccupées de leur propre sécurité, omettent pour donner l’alarme de "toucher la cloche ou recoper" et sont pénalisées.

En février 1594, en raison du mauvais temps, "a raison du tempest" et de la stérilité qui en fut la suite, et du passage des soldats, les habitants obtiennent de l’évêque d’être soustraits au cens jusqu’aux moissons.

Années terribles : une attestation délivrée à Stassinet Melon "remontre que depuis 7 à 8 ans encha, il aroit enduré grands et notables domaiges à raison tant des allogements, passade et repassade des gens de guère, emblèvements de ses chevaulx et autres exactions, come et ossy qu'il lui seroit esté mort grands nombre de bestiaulx par ensorcelement et autrement."

Le 6 juin 1636, les soldats croates de Jean de Weert, général allemand au service de la Ligue Catholique allemande alliée à l’Espagne, incendièrent l'église d’Odeur, la maison pastorale et les deux principales fermes du village.

Ce furent les malheurs des guerres et la nécessité de répartir les contributions imposées et de trouver des créanciers qui poussèrent les manants à s'organiser. Le 2 janvier 1638, la communauté d'Odeur, contracte un emprunt de 405 florins pour la réparation des dégâts causés par les hordes de ce Jean de Weert.

 

SORCELLERIES

À cette époque-là, au XVIe siècle, des affaires de sorcellerie troublent tout l’Occident, et Odeur aussi bien que les villages circonvoisins. Une histoire de sorcières près de chez nous ?

sorcieres.jpgEn 1581, Marie Bertrand at dit, déclaré et confessé (mais que ne reconnaîtrait-on pas sous la torture !) que depuis vingt ans elle a dansé XIII fois en "cortil de la chalcie stessante" entre Odeur et Chrissengnée (Crisnée) ; elle sera exécutée aux confins de Crisnée et de Kemexhe, au lieu dit aujourd’hui « Batch’ dès Macrales ».

 

"Elle avait dansé, ne se recordant plus du nombre, avec Barbe Larsée, fille de la saige dame d’Odeur qui at mouru par mains de justice exécutée auparavant pour vaudoise ; de même, elle dénonçait Clémence Tempier de Crisnée, Maroie, fille de Clémence et la jeune Cécile…"

Témoin privilégié, le vesty de Crisnée, Jean Denis (curé de 1561 à 1579) prétendait être devenu impotent des jambes par attouchement de la sorcière Clémence. De son côté, le vice-curé Gilles Piron (1581 à 1586), qui était devenu invalide des bras et des jambes par l’haleine de la sorcière, a témoigné avoir été guéri à l’intervention d’icelle ! (C.J)

En 1611, deux autres sorcières sont condamnées à mort. Le 5 juillet, c’est Martine, veuve de Gielet Pasque qui dénonce  Gelette d’Odeur, la veuve de Godfrin de Herstappe, Govienne, la fille de feu François Havea, Isabea dite Sabikenne, la femme de Bertrand le berger, Marguerite de Fize aussi… Le 16 aoust, Agnès Gouverne (Govienne ?) est à son tour condamnée après avoir dénoncé Alide, la sœur de Martine, veuve de feu Libert Pasque, et exécutée pour sorcellerie (d’ap. J. Herbillon).

Le curé de Kemexhe, Henri Bottin, fit planter à ce carrefour du « Batch dès Macrales » un tilleul le 7 décembre 1705. L'arbre fut abattu par une tempête en 1856.

La Libre Belgique, le 20 février 1949 (p.4), rapporta les apparitions d’un fantôme à l’Abreuvoir aux Sorcières à Crisnée. Une ronde de gendarmes mit rapidement un terme aux déambulations nocturnes de ce plaisantin anachronique.

Ce fameux Batch dès Macrales en forme d’auge a disparu lors de l’aménagement de la Chaussée-verte. Y eut-il là pur et simple enfouissement par un ignorant pilote de bulldozer, ou détournement subreptice de ce monument non classé,… ou bien une toute dernière épreuve de sorcellerie ? Depuis lors, curieusement, il ne se manifeste plus là ni faits inexplicables, ni apparitions troublantes. Il est vrai qu’on a beaucoup construit dans le quartier !…

 SECONDE PÉRIODE AUTRICHIENNE (1713-1794)

 Marie-Thérèse d’Autriche succède à son père Charles VII. Aussitôt, la France, l’Allemagne, la Pologne et la Bavière se ruent sur l’héritage et voilà des années de guerre !

Heureusement, sous le beau-frère, Charles de Lorraine, tout se remet en ordre : l’agriculture, l’industrie et le commerce prennent un développement inattendu. Puis le fils, Joseph II, qui voulait tout réglementer, mécontenta tout le monde jusqu’à l’exaspération.

Le 11 janvier1790, une fois les Autrichiens battus à Turnhout et enfuis en débandade vers Luxembourg, les États Généraux réunis sous la houlette des Van der Meersch, Vonck et Van der Noot, proclamèrent l’indépendance de la Belgique qui prendrait le nom de République « États-Belgique-Unis » sur le modèle des États-Unis d’Amérique. Parmi les vainqueurs, il y eut deux partis : « conservateurs et réformateurs » ; leur discorde fit échouer la révolution brabançonne et les Autrichiens revinrent. La Principauté quant à elle subsistait…

 LA GRAND’ROUTE

Il y eut d'abord, comme dit plus haut, la chaussée, l'actuelle Chaussée-Verte, construite par les Romains au temps de Jésus-Christ, et qui menait de Cologne à Bavai en passant par Tongres, Odeur, Kemexhe et Huy.

Il y eut ensuite la "voie royale" des Princes-évêques qui allait de Liège à Looz via Sainte-Walburge, Xhendremaal, Othée, Villers, Crisnée, Thys, Otrange, Vechmaal et Heks.

De l'autre côté, il en existait deux autres venant de Liège : celle qui montait par Glain, Montegnée, Grâce-Berleur et Bierset vers Hannut, et celle qui montait la côte d'Ans et par Loncin, Awans, Fooz et Freloux menait vers Waremme.

Au temps des États de Liège et du prince-évêque Joseph-Clément de Bavière, les "sieurs Des Brassinnes, Avocat et Paquay, de Beine, sont chargés d'élaborer les plans d'une nouvelle voie, une chaussée de Liège à Bruxelles. De Ste-Marguerite (altitude 120m), elle devait grimper jusqu'à Ans-Plateau, soit une dénivellation de 70m. C'était le premier tronçon, le plus difficile,

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1715. Ouvrage retentissant car il n'existait que 61 km de routes pavées en Belgique ! Pour les travaux, formidables à cette époque, on fait appel aux riverains et à tous ceux qui en profiteront : cette corvée-chemin bénévole est mal accueillie par les hommes de 16 à 60 ans réquisitionnés ! En cas de refus, les récalcitrants étaient condamnés à payer le salaire des ouvriers de remplacement. Les travaux, au départ de Liège, durèrent six ans. Cette chaussée, pavée, d'où son nom de pavêye, fut créée à hauteur de Kemexhe vers 1717. Rectiligne, large de 5 m, elle en imposait. Napoléon la fit border d’ormes afin… de réduire le nombre d'accidents dus à l'éblouissement par le soleil !

 

 

 

 

 Au bout de quelques années, la circulation augmente : Liège envoie sa houille et les produits de ses fabriques, tandis que les commerçants de Hesbaye, Brabant et Campine y circulent transportant farine, fruits, animaux et autres marchandises. Les Crisnéens, curieux et qui en ont le loisir, observent ce va-et-vient des charrettes et chariots, diligences et carrosses, voitures des rouliers et messagers. On y installe, c'était la mode à l'époque, des barrières de péage. Celle de Kemexhe-Odeur restera en service jusqu'en 1860.

Cette grand-route prendra de plus en plus d'importance avec l'avènement de nouveaux moyens de roulage et de transport : camions, voitures automobiles et autres autobus. Sans oublier le tram à vapeur qui la longeait et faisait halte aux stations d'Odeur, Crisnée et Thys pour les navetteurs, le transport des pierrailles, du charbon, puis des betteraves sucrières.

Après le va-et-vient alternatif des armées allemandes et alliées en 1914-18 d'abord, puis en 1940-45, la pavêye perdra son nom, sa voie de tram et ses ormes vieillissants après son bétonnage de 1956 et sa mise à trois voies.

Son dernier avatar est récent : en 1996-97-98, elle est remise au goût du jour par le macadam, sa remise à deux voies et, pour la sécurité, l'aménagement des carrefours d'accès sous forme de trois ronds-points et autres tourne-à-gauche. En 2000, elle bénéficiera de l’égouttage et d’un nouveau revêtement. En 2002, on trace des pistes cyclables, des passages de traverse tandis qu’une signalisation en couleurs renseigne les usagers. Une nouvelle plantation d’arbres est effectuées.

 

Pendant les guerres de Louis XIV,

Durant trois-quarts de siècle, tantôt ce sont les Alliés (Allemands, Anglais, Hollandais, Espagnols, Autrichiens), tantôt les Français qui fourragent dans les campagnes de nos villages, volent notre blé - au point qu’à certains moments on est près de la famine - ou encore nous imposent des contributions de guerre en argent ou en nature.

En voici quelques exemples. En 1679, logement de troupes françaises. L’an 1693, tout le village fut fourragé par l’armée française. En 1695, fourragement par le camp des Brandebourgeois qui "achevèrent la ruine de ce malheureux village" ; on manque de grains pour les semailles, les terres resteront en friche. En 1697, la moisson fut gâchée par les pluies, les Alliés continuent leurs fourragements…

Des chroniqueurs

Dans leur registre paroissial, les curés notent les évènements qui touchent le village.

john-churchill-first-duke-of-marlborough.jpgEn 1703, les Alliés, en guerre contre Louis XIV sont commandés par le Duc de Marlborough (celui de la chanson)  : "L'an 1703, nostre village a esté campé depuis le 30 de mays qui estoit le mercredi après la Pentecôte, jusqu'au neufvième jour ensuivant, par l'armée d'Angleterre et d'Hollande forte de 50 à 55.000 homme ».

 

"Le généralissime des Anglais, nommé Marboroug, aiant son logement au chasteau de Thys, et celui des Hollandais, nommé Annerquerque, dans notre maison pastorale (de Fize). La ligne droite s'extendoit jusqu'au village de Russon et la gauche jusqu'à Hodeige."

"Depuis, au mois d'aoust, nostre village(Kemexhe) a esté fourragé 2 foy à la campagne, dans le peu de marsage qui estoit resté par les trouppes de ladite armée pendant le siège de Huy."

"Au mois de septembre de la ditte année, nostre village a esté derecheff campé par un détachement fait hors de la ditte armée campée à Saintrond, pour aller faire le siège de Limbourgue. Ledit général Marbouroug s'estant encore logé au chasteau de Thys, et le Prince Héréditaire de Hesse Cassel dans nostre pauvre maison (Crisnée), et une partie de ses domestiques dans la ferme Lowet, jondante à la cœmitière. L'an 1705, nous avons encor esté campé par l'armée d'Hollande."

Nos villages ne seront tranquilles qu’en 1748 : au traité d’Aix-la-Chapelle, la paix fut conclue entre Louis XV et l’Autriche et notre pays va pouvoir retrouver le calme, à partir du règne du prince-évêque Jean-Théodore de Bavière (1744-63) et, pour le reste de la Belgique de Marie-Thérèse d’Autriche. C’est cependant, durant une accalmie – extraordinaire - en 1714-18, que se construisit la grand-route Liège-Bruxelles et que commencent à s’édifier les grosses fermes hesbignonnes en quadrilatère.

En 1753, les habitants ou du moins seize d'entre eux "constituant la plus grande et saine partie de la communauté" élisent deux bourgmestres "tant pour advigiler aux nécessités de leur communauté que pour asseoir et collecter les tailles". Acte passé devant notaire.

COMMENT VIT-ON VERS 1740 ?

La nourriture.

Le Hesbignon, bien que placé sur le sol le plus productif, se nourrit mal. Il mange du pain de seigle, toujours mal cuit, parce que à défaut de bois on chauffe le four avec de la paille. Les propriétaires et les fermiers aisés mangent de la viande fraîche, des légumes, boivent de la bière forte. Les autres habitants se nourrissent de lard parfois, de légumes et des pommes de terre dont l'usage se répand. Dans les cabarets, outre la bière, on trouve du pèkèt de grains.

Habillement.

Tous les hommes portent le sarrau bleu, plat et sans plis, qui descend jusqu'aux genoux, une veste de laine grise, des bas de laine, une culotte de toile ou de coton, mais le pantalon n'est plus exceptionnel. Le chapeau rond est à la mode. On porte un mouchoir blanc ou de couleur comme cravate. Les souliers forts et les sabots sont la chaussure habituelle pour les travaux dans les écuries et autres travaux agricoles ; mais pour les dimanches, on porte des souliers, plus ou moins fins, selon l'état de fortune...

"Les femmes sont assez grandes et fortes, mais elles ne se font pas remarquer par de beaux traits et des formes régulières. Elles ont comme les hommes un visage peu rempli, avec des os saillants, les yeux enfoncés et presque pas de gorge : l'usage de porter des fardeaux sur la tête ou sur le dos les fortifie, mais il nuit à leur taille qui n'est ni élégante ni bien prise.

Le costume des femmes consiste ordinairement en une capote et une jupe d'étoffe de laine désignée ici sous le nom de moutonne. Elles ont une cornette de toile de coton et leurs cheveux, retroussés par derrière, forment un chignon très saillant. En tout temps, leur tête est enveloppée par un mouchoir de couleur plié diagonalement et noué sous le menton. Elles portent des bas de laine et, outre les sabots qui sont leur chaussure ordinaire et pour tous les

Travaux de la campagne, elles ont presque toutes, pour les jours de fêtes et les voyages, des souliers avec de grandes boucles d'argent qui leur couvrent tout l'avant-pied." (J.Naveau)

 

L'agriculture.

Les cultures sont l'épeautre, le froment, l'avoine, l'orge, le seigle. L'avoine, le trèfle et la luzerne sont la nourriture principale des chevaux. Sont aussi cultivés : la pomme de terre, le chanvre, le colza et les fèverolles. L'assolement triennal ou quadriennal a remplacé le système de mise en jachère. Vesces, fumier et marne sont les engrais.

Peu de changements concernent les instruments agricoles. En remplacement progressif de l'antique araire apparaît la charrue à tourne-oreille et avant-train sur roues qui permet de labourer dans les deux sens. Les semailles se font à la main au moyen d'un linceul en toile suspendu autour du cou et qu'on torsade autour du bras gauche ; tout l'art, difficile, du semeur consiste à remplir la main droite et à laisser filer les grains suivant un éparpillement convenable d'un pas régulier. On échenille, on échardonne et on arrache le sené (ravrouhe).


La moisson commence à se faire à la "s'kêye"et au "graw'tê" de préférence à la grande faux. Les gerbes sont liées avec la paille tressée du seigle et dressées en dizeaux. Les gerbes sont

rentrées par chariots ou charrettes aux roues cerclées de fer. Le battage s'effectue au fléau par groupe de deux hommes et on sépare les grains des balles au moyen du van, puis on inventera le soflâ. On voit apparaître les moulins à vent : Othée, Fexhe, de Momalle (1850).


LA PAIX

Tranquillité et prospérité (relative) ne dureront que l'espace de deux générations. Juste assez pour "commencer à arborer leur francophilie, heureux d'avoir rencontré enfin des gens qui parlent comme eux" (E.D)... encore qu'ici le wallon est roi ; pour profiter du confort apporté par l'amélioration du réseau routier, par exemple la grand-route en 1717.

Un autre progrès en marche irrésistible est celui de l'instruction à Kemexhe : "une école est tenue par le marguillier, sorte de vicaire qui s'occupe de la tenue des comptes, des secours aux pauvres, et enseigne à quelques privilégiés, volontaires, le français, le calcul et le latin. Certains de ces élèves étaient pensionnaires de la cure." (E.D)

PÉRIODE FRANÇAISE (1794-1814)

1789 "a suscité en Belgique, principalement en Brabant et dans la Principauté de Liège, un mouvement de révolte contre l'ordre établi par les puissants et un désir de changement."

On ne racontera pas ici l'historique des heurs et malheurs résultant de la Révolution et les manifestations révolutionnaires - pas toujours fort réfléchies - des Liégeois, citadins et campagnards, aux "dj'vès fwèrt près d'èl tièsse".

Le 23 octobre 1790, le presbytère d’Odeur est envahi et pillé par des révolutionnaires: le curé Wipeur est forcé de prendre la fuite, celui de Fize passe dans la clandestinité.

jean_auguste_dominique_ingres.jpgNapoleon Bonaparte (représenté ci contre par Ingres avec à l'arrière plan,  la Cathédrale Saint-Lambert de Liège, à une époque où elle était pourtant en cours de démolition par décision des révolutionnaires liégeois) venait de piller et razzier l'Egypte, Le Directoire envoya par la plume de Carnot, ses instructions à Jourdan, le vainqueur de Fleurus le 26 juin 1794:

« En Belgique, prenez tout, il faut vider le pays !" Les occupants "sans-culottes" ne se firent pas prier... le souvenir en est resté vivace ! C’en est fini de notre Principauté de Liège.

Les révolutionnaires suivent à la lettre leurs mots d’ordre : « piller, dévaster, massacrer sans pitié » ! Tout y passe : nombreuses églises, monastères, croix, calvaires et cloches, noms des rues et des quartiers, culte catholique, calendrier grégorien…

« Chaque jour, des dizaines de chariots chargés d’orfèvreries, peintures, sculptures, manuscrits, étoffes, cuir, fer, bois, grain… prennent le chemin de la France »…

En Belgique, annexée  à la France,  le citoyen Bouteville, agent national de l'Administration, est poursuit l'organisation des départements. Crisnée relève du Département de l’Ourthe.  La tenue des actes de l’État civil, confiée aux curés depuis 1635, leur sera retirée et, jusqu’en 1806, l’officier de l’état civil sera tenu de respecter le calendrier républicain.

Les changements

 

hist 15.jpgLe territoire belge sera divisé en 9 départements coïncidant à peu près avec les limites de nos 9 "anciennes" provinces et que notre entité fera désormais partie du Département de l'Ourthe, divisé en 36 cantons, notre canton de Kemexhe comptant 17 communes.
Chaque canton avait à sa tête une administration municipale constituée par les agents de diverses communes. Chaque commune se vit attribuer deux fonctionnaires, simples agents d'exécution des ordres de la municipalité cantonale, et un commissaire chargé de veiller à l'application des lois et au maintien de l'ordre public.

Le fonctionnement de la justice est réorganisé. Une police représentée dans nos campagnes par la gendarmerie à cheval  - lès Poyous bonèts" est chargée de faire respecter l'ordre et la sécurité de tous les habitants.  Existe toute la hiérarchie : du Tribunal de simple police jusqu'à la Cour d'Assises. Il y a une Maison d'arrêt au chef-lieu, et  les condamnés à une peine de plus d'un an la purgeront à la Maison centrale de Vilvorde (ce sont des vilvôrs !).
Dans l'Administration,  le calendrier républicain est de rigueur pour les actes officiels. À part cela, les gens détestant ces complications fantaisistes ne prétendront jamais vivre en  mois frimaire ou messidor et appeler leurs jours primidi, octidi ou décadi, préférant conserver leur honnête année de douze mois et leur semaine de sept jours avec le repos du dimanche.

 


Poids et mesures.

On va devoir utiliser le système métrique. En principe, c'en est fini de mesurer le tissu en aune, l'aune variant selon la longueur de l'avant-bras de l'acheteur; d'estimer les longueurs en pieds (songeons au « pied de Saint-Lambert » !) ou en pas, de peser en livres qui s'allongent ou rétrécissent suivant le lieu où l'on mesure et pèse !... En capacités pour les liquides, la cruche vaut 14¼ pots, la tonne 90 pots et l'aime 120 pots.
Les mesures de longueur sont aussi compliquées que celles des Anglais aujourd'hui. Le centiare, l'are et l'hectare devraient remplacer la verge... Mais  presque  partout, la réforme sera sabotée par des réactionnaires ou se heurtera à une résistance plutôt passive car l'ancien système,  variable selon la région, arrangeait beaucoup de monde ! Si bien que cent cinquante ans après, les anciennes mesures resteront vivaces. Avant la dernière guerre, souvent, ne mesurait-on pas le tissu en aunes, le grain en "stîs" ou setiers ?  Aujourd'hui, quelques-uns persistent à parler de vèdges, bougnîs, âspagnes ..., d’autres - force de l’habitude -   comptent encore en " francs belges" alors qu’on est sous le règne de l'Euro depuis cinq ans !

LES  HOLLANDAIS

 

provinces unies.jpgL'Empire s'était écroulé en 1814. Puis il y eut Waterloo en 1815, un autre Régime arrivait : un mariage de raison politique qui tournera mal...
Pour faire une "barrière" contre la France, l'Angleterre décide ses alliées l'Autriche, la Prusse et la Russie d'adjoindre la Belgique (catholique) à la Hollande (protestante) pour former les Provinces-Unies des Pays-Bas sous le sceptre de Guillaume 1er d'Orange.
"Les libérateurs, Prussiens et Russes, sont reçus dans l'indifférence populaire."Aucun enthousiasme ne saluait la marche en avant des Alliés" est bien obligé d'écrire notre historien Henri Pirenne qui ajoute sans pudeur quelques lignes plus loin : "La populace s'amuse de la bonhomie et de l'étrangeté des Cosaques"... dont cependant les exactions et violences - non encore oubliées par nos (arrière-) arrière-grands-mères - ne faisaient qu'aviver dans le peuple le regret d'un passé proche. Voilà qu'on retournait à l'Ancien Régime, sous un Roi qu'on ne connaissait pas et qui parlait "le flamand"; et les hobereaux de campagne, les curés et les "gros" recommençaient de plus belle  à imposer leur loi aux petites gens. L'agriculture piétine à nouveau dans des méthodes primitives, la culture de la betterave sucrière semble profiter uniquement aux porcs et aux bestiaux (aucune sucrerie dans la région sans doute à cause de la faible teneur en sucre des betteraves et les réticences des cultivateurs à se risquer dans l'aventure. Ça changera vingt ans plus tard.)
Une innovation : la conscription par tirage au sort, déjà pratiquée sous Louis XIV. Et un gros progrès : la mise en chantier de l'Université de Liège (1817) grâce à quoi certains villages auront bientôt leur vrai médecin et leur vrai pharmacien. (E.D)
Peu de modifications furent apportées dans la structure de nos communes sous le régime hollandais et au début de la Belgique indépendante.

 

L' INDEPENDANCE

 

hist 18.jpgEn septembre 1830, rares sont sans doute les Crisnéens à se précipiter jusqu'à la grand-route au passage de Charlier-Jambe-de-Bois en route vers l'insurrection de Bruxelles ! Le 4 octobre, une fois les Hollandais chassés, l'indépendance est proclamée (mais les Puissances nous imposent la neutralité) sans apporter guère d'améliorations dans la vie quotidienne des gens d’ici.

 

Une crise agricole terrible due à l'inadaptation au régime nouveau, par la faute de politiciens impréparés ou incapables, sévit dans le pays. La famine épargne heureusement la Hesbaye. Les premières lignes de chemins de fer sont créées, dont la Ans-Bruxelles en 1838 qui intéressera bientôt les ouvriers de nos villages avec ses arrêts à Momalle et Fexhe.. (on n'en trouve pas la moindre allusion dans les registres communaux!).
On invente le timbre-poste en 1849, mais nos villageois n’en useront guère...

Les "barrières" ou octrois : sorte de contributions indirectes sur les denrées alimentaires, boissons et vivres (sur pied ou abattu), fourrages, matériaux de construction, combustibles et produits divers, que des préposés de l'Etat perçoivent à l'entrée de chaque commune, entrave au commerce dont la suppression engendrera la reprise économique sous le règne de Léopold II (1865-1909)". ED. Une barrière d’octroi exista sur la grand-route sur Kemexhe, « al bârîre »  au carrefour de la grand-route avec la chaussée verte jusqu’en 1860.

L’INDUSTRIALISATION

Jusqu’au milieu du XIXe siècle,  les habitants de la campagne étaient essentiellement occupés aux travaux agricoles, soit le plus souvent comme petits cultivateurs de quelques verges, plus rarement comme propriétaires ou métayers de plusieurs bonniers avec domestiques, servantes, soit en qualité de main-d’œuvre saisonnière, les journaliers
Les artisans s’y rattachaient plus ou moins directement : maréchaux ferrants, forgerons, bourreliers, sinon rouliers, messagers, menuisiers, charpentiers et couvreurs. C’était l’époque de la splendeur des chevaux de trait dans les campagnes très morcelées et du maréchal ferrant dans chaque village : les Majean, Moreau, Hendrikx, Wynants, Tombeur…
Les peintres, les cordonniers et les coiffeurs sont aussi rares que les tailleurs.

Vint l’industrialisation de Liège et de sa banlieue. Charbonnages et industrie métallurgique vont attirer leur main-d’œuvre des villages environnants. Au début,  comme les moyens de transport collectif manquent, les ouvriers quittent leur famille le dimanche soir emportant la nourriture pour les six jours qu’ils passeront dans  un logis sommaire à proximité de leur lieu de travail : « trois devant - trois derrière » disent-ils parlant de la besace qu’ils portent en bandoulière. Certains font le trajet à pied, d’autres prennent le train à Momalle…
Les journées de travail sont longues (parfois 12 heures), et non exemptes de danger pour des hommes (les femmes et les enfants !) mieux habitués au travail de la terre qu’au maniement du fer et à l’extraction du charbon. L’état civil relate nombre de décès des houilleurs, puddleurs, ajusteurs,… Drame familial lorsque le travailleur tombe malade, est accidenté, réduit au chômage ou perd la vie car il n’existe à l’époque aucune forme de sécurité sociale.
De longues et courageuses revendications  aboutiront à la formation d’instruments syndicaux et plus tard aux congés payés en 1936, à la Sécurité sociale après la guerre.

Entre-temps, cette mobilité de la main-d’œuvre ne fera que se multiplier avec le développement de la ville, la diversification des emplois offerts (banques, bureaux, magasins) et les facilités du transport par le tram à vapeur d’abord, électrique ensuite puis par autobus. Jusqu’à la fermeture programmée des charbonnages et jusqu’au déclin tragique de l’industrie métallurgique liégeoise.

Après la révolution par le moteur à vapeur, puis celle du moteur électrique, celle de la fabrication en chaîne, nous sommes dans la dernière révolution, celle de l’automation (ou automatisation) : des robots font le travail  qu’un opérateur surveille assis derrière une batterie de cadrans…

Les dernières guerres ont été meurtrières:

Parmi les dizaines de combattants en défense héroïque sur les bords de l’Yser, quatre soldats sont morts au front en 1914-18, de gauche à droite: Vincent Bonnechère, Pascal et Raphaël Sacré (Kemexhe), François Gilon (Crisnée).

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À l’arrière, les comptes rendus des séances du Conseil évitent de signaler, même à mots couverts, les désagréments de l’occupation allemande : tueries de civils, pénuries, rationnements, réquisitions de chevaux, des cuivres.

Le 3 octobre 1916, il est institué à Fize une garde bourgeoise qui veillera à la sécurité des personnes et des biens. Participeront aux patrouilles tous les hommes valides de 21 à 50 ans. Cette mesure sera rapportée le 15 octobre, mais remise en vigueur le 10 juillet 1917 vu la recrudescence des pillages aux champs.

De même, des patrouilles de surveillance des champs seront organisées à partir de 1943. Deux groupes de trois hommes, dont un armé d'un fusil de guerre (avec autorisation de l'occupant) circuleront dans les campagnes pour prévenir les pillages de récoltes.

 

1917, c’est aussi l’année de l’effroyable télescopage des deux trams de la ligne Liège-Oreye, survenu entre Crisnée et Odeur, à hauteur de l’ancienne râperie : vingt-trois morts et septante-cinq blesses.

Onze de nos concitoyens ont été victimes de 1940-45 : Julien Jacobs, Louis Happart et Martin Wynants, originaires de Thys ( en haut et de gauche à droite), Joseph Hamels de Odeur(en bas à gauche), Léon Mélon , résistant de Kemexhe (en bas à droite).

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Leurs noms et ceux des combattants, prisonniers de guerre et déportés sont gravés dans la pierre des monuments érigés à leur mémoire, qui sont régulièrement entretenus et chaque année fleuris en novembre à l’occasion du passage du Relais sacré.

 

Dans nos villages, passages et cantonnements d'occupants ne furent que sporadiques suscitant chaque fois des résistances larvées sinon directes "Qui entre par le Hesbain est combattu l'endemain"... Ainsi en fut-il en 1940-45 par l'A.S (les résistants du Groupe Zorro d’Arthur Derwa, accueillis à Crisnée, Fize et Thys) ;  par le Mouvement National Belge d’Edm. Leburton  (membres -dont †Léon Mélon-  recrutés par Raymond Collard à Kemexhe).
Nos villages échappèrent aux bombardements aériens, et aux représailles sanglantes après l'affrontement de Thys en avril 44, à la grange incendiée à Fize où s'étaient réfugiés des résistants, à la prise d'otages à Kemexhe  la veille de la libération. Les chutes de robots V1 firent de sérieux dégâts et quelques blessés légers à Crisnée ; ils affectèrent particulièrement le centre de Fize où un soldat américain se sacrifia pour protéger un garçonnet.

Mais les gens de notre région, les survivants, octogénaires, ne sont pas près d’oublier les restrictions alimentaires et pénuries de toutes sortes (savon, pneus, tabac, chocolat, café, textiles, chaussures, oranges,…), la peur de la Wehrmacht, de la Gestapo, de la Feldgendarmerie,  de la Garde Wallonne, des bombardements, des robots,…

APRÈS  LA GUERRE

Les bourgmestres démocratiquement élus conservèrent leur écharpe durant les hostilités, sauf à Crisnée où, on ignore pourquoi, Jules Jacquemotte  remplaça Émile Denomerenge lequel reprit ses fonctions après la retraite des Allemands, ainsi qu’à Kemexhe où Lucien Dechamps prit la place de Oscar Driesmans. À l'époque, le maïorat était tenu soit par un fermier, Defalle puis Prosmans à Thys, Royer à Fize, Leduc à Odeur, soit par un tenant de la gauche, Panis puis Gilon à Crisnée, Daniels à Kemexhe.

Des cent curés qui se sont dévoués chez nous, on se souvient encore de ceux dont le charisme et la forte personnalité ont marqué leurs paroissiens. Ainsi évoque-t-on  toujours à l’un ou l’autre titre les mérites des  RRdd Pascal Bouket à Thys de 1936 à 1958, Alphonse Thisquen à Odeur de 1881 à 1918,   Alphonse Jaegers à Kemexhe de 1933 à 1959,  Willem Coopmans à Crisnée de 1905 à 1923 et Joseph Thonon à Fize-le-Marsal de 1895 à 1922.
C’était le temps où les églises regorgeaient de fidèles, des processions avec pétales de roses et tirs de campes, célébrées conjointement avec la fête communale du carrousel galopant de Bairolle et de la baraque verte des forains Maurice Bure -  Séraphine Piette.

À noter que dans son histoire notre entité
a compté dans ses rangs deux prélats :

À Kemexhe, Mgr André Streignart, (1535-1615), évêque auxiliaire de Liège au temps des princes-évêques Gérard de Goesbeek, puis Ernest et Ferdinand de Bavière.

À Crisnée, Mgr Hubert Jacquemotte, (1795-1861), Vicaire-Général du diocèse de Liège, au temps de Mgr Corneille Van Bommel et de Mgr Théodore de Montpellier.


LE CONFORT AU XXe SIÈCLE

Le tram 1890 (les abribus un siècle plus tard !)
le téléphone, 1912
L’électricité, 1929
la radio vers 1935
Les congés payés en 1936

Subite accélération dès après la guerre 1940-1945

la sécurité sociale: 1945
Pénicilline, puis antibiotiques: 1947
L’eau alimentaire: 1950
la voirie: 1955 (ordures en 1957)
la télévision: 1955

Troisième vague

informatique, bureautique, domotique:  1990
GSM avec photo et télévision numérique: 2005

LES  CHEVAUX  ET  LE  REMEMBREMENT

Le remembrement a assuré l’aménagement foncier de la commune en permettant  de procéder à une nouvelle redistribution des terres de chaque propriétaire en tenant compte des principes de base suivants : regroupement, désenclavement, rapprochement et équivalence ; d’établir un canevas rationnel du territoire pour assurer, à partir des chemins, la desserte des nouvelles parcelles recréées.

Progrès énorme quand on compare avec la situation antérieure, lorsque le cultivateur disposait de parcelles plus ou moins grandes, dispersées aux quatre coins de la campagne, auxquelles on accédait par de méchants chemins de terre, et souvent, pour les terres enclavées, cause de dommages aux récoltes voisines et source de conflits annuellement répétés.
Ce remembrement, fameux gain de temps pour les exploitants, a déclenché la disparition des petites et moyennes exploitations lesquelles constituaient avant la guerre la caractéristique des campagnes hesbignonnes : mais cet anachronisme empêchait l’utilisation du matériel agricole moderne.
Le remembrement fut un coup mortel porté à l’utilisation du cheval de trait...
De nos “brabançons”, il en existait en Belgique 292.424 en 1846 : glorieuse époque. Cent ans plus tard, en 1950, on en comptait toujours 200.000. Puis ce fut la rapide dégringolade due à l’apparition du tracteur, à l’entrée des camions dans les villes. En 1985, les chevaux de trait sont encore 15.000, Aujourd’hui, ils sont moins de 5.000 surtout utilisés pour le débardage en forêt mais dont beaucoup vivent une vieillesse heureuse chez des amoureux de cet animal sympathique ou font la joie des touristes pour leurs randonnées vertes...
En 1929, notre entité comptait  environ QUATRE CENTS chevaux. Aujourd’hui, il n’en reste plus un seul. Le cheval de trait dans nos campagnes, c’est l’imagerie vivante du passé.

LA  FUSION DES COMMUNES

Après 1960, il fallut amener à l'idée de fusion les édiles des anciens villages de Crestegneis, Tyl, Fies, Odoir et Cumegh, tous farouchement attachés à leur indépendance. Au-delà des inévitables rivalités de personnes et des antagonismes sportifs, l'opposition jugeait toute innovation révolutionnaire et elle invoqua  plusieurs arguments : différences d'infrastructure, incompatibilité de caractère, disparité de coutumes et modes de vie,  lacunes vicinales et budgétaires et même,  une forte aversion (sic) pour les autres communes ! Ainsi raisonnait-on alors !
Heureusement, on finit par effacer la ligne de démarcation que constituait la grand-route et on transcenda les anciens spots qui brocardaient les voisins : lès tchinisses di Thys, lès mokrês d' Cruchnêye, les vês d' Fîze, lès platês di K'mèh, à quoi on eût pu ajouter lès flaheûs d'Ôdeû  sobriquet imputable à la fougue de leur jeunesse footballeuse.

La fusion aboutit et l’Arrêté royal l’officialisa dans le Moniteur du 5 mai 1964, décrétant qu’à partir du 1er janvier 1965 les cinq villages ne formeraient qu’une commune. Dans nos villages où l'éclairage électrique datait seulement de 1929 et la distribution d'eau alimentaire de 1953, la sagesse finit par l'emporter et après marchandages, écartant toute proposition humoristique, on se mit d'accord pour choisir CRISNÉE en patronyme de l'entité et, pour une question d'hectomètres, la mairie de Crisnée comme centre administratif.

Depuis lors, 40 ans ont dilué ces dissensions et chaque communauté bénéficie équitablement de la sollicitude des édiles fédéraux. Une réussite au point qu’aujourd’hui, l’immigration aidant, on ne se réclame plus Odeurois ou Thysois, mais unanimement Crisnéen (et non pas Crisnétois comme les baptisait erronément La Meuse).

La composition des conseils communaux avait été longtemps  politiquement stable et généralement conservatrice. Le premier conseil communal se composait du bourgmestre Henri  Daniels (Kemexhe), des échevins Jean Stassart (Fize), Jean Gilon (Crisnée), Joseph Raymackers (Thys) et des conseillers  Charles Lahaye, Léon Vaes et Paul Depas (Crisnée), Octave Humblet et Octave Sacré (Kemexhe), Joseph Vandereydt (Thys).

À ce jour, depuis quatre décennies et quelques élections, la nouvelle entité Crisnée a connu à sa tête quatre bourgmestres et un bourgmestre faisant fonction, successivement Henri Daniels PS (Kemexhe), Jean Stassart PS (Fize-le-Marsal), Joseph Vanmal PS (Kemexhe), Jean Gilon IC (Crisnée) et actuellement Philippe Goffin MR  (Kemexhe.

Bibliographie

Des documents peuvent être consultés aux Archives nationales à Cointe et à la Bibliothèque des Chiroux, ainsi qu'à l'Évêché de Liège.
En outre, plusieurs ex-citoyens de Crisnée ont publié le fruit de leurs recherches, tels les fascicules de Toponymie de Jules Herbillon. Chercheur et écrivain, dans son important essai "2000 ans de vie en Hesbaye, d'Atuatica à l'E5", Eugène Dethier, a esquissé une histoire de la région et singulièrement de son Kemexhe natal.  François Mahiels a consacré un fascicule au «Geer, rivière hesbignonne». Deux Thysois, Joseph-Alex Fraipont et Louis Tihon ont respectivement rassemblé des notes historiques sur l'ancien village de Thys, ferme et  seigneurie, traduit les textes anciens allant du XIIe siècle à l'indépendance de 1830. Pour sa part, J.C. Vanhove a réuni une inestimable collection de 440 photos qui rappellent la vie d'antan à Thys. Enfin, depuis 1986, Louis Marneffe  a consacré à la petite Histoire des cinq villages ses "Chronique des gens et des choses".
Tous ces ouvrages constituent une synergie que les curieux du patrimoine crisnéen peuvent consulter à notre Bibliothèque communale.

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